mercredi 2 avril 2014

Sages comme des images ?

Léo vient de rompre avec Tim pour Aurélien. Ils font tous partis de l'élite puisqu'ils font leurs études au lycée Henri IV. Dans un avenir proche, ils seront ingénieur, médecin ou avocat. Sages comme des images ? Pas vraiment. Même s'ils sont soumis à une pression scolaire peu commune, ils ont aussi des problèmes d'adolescents. Alors, quand Tim, pour se venger, envoie une vidéo très intime de Léo à tout le monde, amis, profs, parents, lycéens, que peut-il se passer ?
Le livre aborde intelligemment la question des réseaux sociaux et ce que peut impliquer une vidéo compromettante. Au-delà de sa réputation, ce qui inquiète le plus Léo, c'est l'après, lorsqu'elle sera amenée à chercher du travail. Ces adolescents, issus de milieux très aisés, ne sont pas comme les autres. Les nouveaux venus ou ceux qui ont de meilleurs résultats sont de futurs concurrents pour l'avenir. 
Il est difficile de faire sa place dans ce monde étrange. La narratrice, qui vient d'un milieu modeste, s'est liée au collège avec Léo et sa soeur jumelle Iseult. Sa fascination pour Léo est telle qu'elle délaisse celle qui pourrait être une véritable amie, Iseult. Ce ne sont pas seulement les nouveaux médias qui sont en question dans ce roman mais bien la question de l'image et des apparences.
C'est à une longue descente aux enfers à laquelle on assiste aussi impuissant que  la narratrice au cours d'une journée, qui tient lieu d'unité de temps au sein d'un lycée qui devient le lieu de la tragédie. La narratrice se remémore des événements, des conversations marquantes. Peu à peu, les pièces du puzzle se mettent en place mais la prise de conscience est trop tardive.
Ce livre est vraiment percutant et juste. Dans notre monde contemporain où les images sont omniprésentes, nous choisissons de nous laisser bercer et aveugler par elles, de préférer les faux-semblants aux relations qui pourraient être fortes et avoir du sens.
Comme des images, Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2014