jeudi 8 mars 2012

Percutant !

2009. Georges Crozat, alias le Mur, est boxeur amateur le soir et policier municipal le jour. Pour améliorer l'ordinaire et se payer des prostituées, il accepte de passer à tabac des inconnus pour de l'argent. 
1957. Pascal Verini, dit le Marin, est contraint de partir en Algérie sous les drapeaux. Sous le coup d'une sanction disciplinaire, il est envoyé dans un lieu appelé la Ferme où des hommes sont amenés pour y être interrogés...
Deux destins à deux époques différentes qui finissent par se réunir autour d'un troisième protagoniste le Kabyle. Habilement construit, ce roman noir aborde le thème de la violence et de la douleur physique. En tant que boxeur, Crozat l'accepte pour la pratique de son sport mais il finit par abandonner le noble art pour n'être qu'un simple exécuteur des basses oeuvres. Le Mur ne se pose pas trop de questions jusqu'au jour où on lui demande de tabasser un vieil Kabyle qu'il ne peut se résoudre à toucher. 
Cette souffrance qu'il inflige à ses victimes, c'est également celle que subissent les hommes torturés dans la cave de la Ferme en Algérie. La torture n'est jamais décrite, elle est toujours évoquée pesant comme une chape de plomb sur les occupants de ce lieu. Verini tente de ne pas sombrer dans la folie entre les cris des prisonniers, les vexations des bourreaux parce qu'il refuse avec quelques camarades de participer à la torture.
Reste la question de l'après. Que fait-on de sa vie après avoir vécu ou subi ces événements ? Le Mur se prépare à un dernier combat qui pourrait bien être le dernier ; le Marin a voyagé toute sa vie pour oublier cette sale guerre, alors que le Kabyle a écrit des livres pour se souvenir, rompre le silence et dénoncer ce qui s'est passé.
Le mur, le Kabyle et le marin, Antonin Varenne, Viviane Hamy, 2010