samedi 27 juillet 2013

Orphelins recherchent parents

Siméon, Morgane et Venise ont été abandonnés par leur père. Seuls avec leur mère, ils se retrouvent placés en foyer après son suicide. La fratrie Morlevent jure de tout faire pour ne pas être séparée. Georges Morlevent s'était déjà marié auparavant, il avait reconnu Josiane, la fille de sa première femme, et était parti avant la naissance de Barthélémy, son fils. Tous deux pourraient accueillir les enfants et devenir leur tuteur légal. Si Josiane semble être la candidate idéale, elle se présente pour de mauvaises raisons, tandis que Bart, si charmant soit-il, est complètement irresponsable.
Siméon, à 14 ans, est en terminale. Surdoué, il fait de son mieux pour protéger ses soeurs. Morgane est tout aussi brillante que lui. Tous deux ne sont pas très beaux comparés à Venise, une adorable petite fille de 5 ans, craquante et spontanée. C'est sur elle que Josiane, en mal d'enfant, jette son dévolue. Elle veut bien l'adopter mais que faire du reste de la fratrie ?
Bart, quant à lui, ne veut pas s'encombrer de problèmes. Il aime la vie, draguer les mecs et surtout en faire le minimum. Il n'est pas un bon candidat pour récupérer la tutelle mais sa bonne humeur, ses conneries le rendent charmant et désarmant. Les enfants l'adorent mais est-il capable de les prendre en charge ? Un drame va sceller ses liens avec eux.
Ce livre est vraiment formidable. Tous les personnages y sont bien campés. Marie-Aude Murail réussit le tour de force de traiter de nombreux thèmes de société en 200 pages. Un livre dense, profond et drôle. En témoigne ce fameux Oh, boy ! qui ponctue toutes les situations où Bart est confronté à un nouveau problème.
Oh, boy !, Marie-Aude Murail, Ecole des Loisirs, 2010

lundi 22 juillet 2013

C'est ma vie !


Louis Feyrières doit faire son stage de 3e et ne sait pas à quoi postuler. Sa grand-mère lui propose de dire un mot à Maïté, la patronne d'un salon de coiffure. Elle qui a été boulangère trouve normal que son petit-fils essaie  un métier manuel, ce qui n'est pas du tout du goût de son gendre, un chirurgien qui s'est fait à la force du poignet et qui ne voit dans ce type de métiers qu'une voie de garage pour analphabètes...
Louis n'aime pas l'école et ne souhaite pas suivre la voie royale tracée par son père. L'univers de la coiffure est un choc : il aime le travail et le contact avec la clientèle. Très vite, la coiffure devient une obsession au point qu'il sèche l'école et qu'il ment à ses parents. La réalité le rattrape assez vite. Le principal du collège lui propose un contrat moral : il s'engage à aller à l'école et Maïté accepte de le former les mercredis et samedis. Le seul à ne pas connaître cet arrangement secret, c'est son père. Confronté au conformisme bourgeois dans lequel son père veut l'enfermer, Louis sait ce qu'il veut et avance à sa façon en dehors des sentiers battus. Les études ne font pas tout. Pourquoi s'enferrer dans une voie alors même que l'on peut trouver bonheur et épanouissement ailleurs ? 
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman pour sa justesse de ton et cette manière qu'à Marie-Aude Murail de démonter les clichés et les idées reçues avec humour.

mercredi 17 juillet 2013

Des bleus à l'âme

Anna, en disant adieu à Guillaume, évoque un annuaire des morts avec les coordonnées de ceux qui nous ont quittés. Cette référence fait resurgir des souvenirs. Guillaume se retrouve submergé par son ancienne histoire d'amour avec Sylvie, surnommée Bulle. Bulle, Guillaume l'a rencontrée à l'hôpital où il se fait soigner pour une fracture. Elle est atteinte de leucémie et se trouve enfermée dans une pièce aseptisée. Guillaume en tombe amoureux au premier regard. Il lui rend visite chaque jour et passe ses nuits au téléphone avec elle.
Ses parents s'en inquiètent, tentent de le raisonner car il se consume de l'intérieur. Il finit par leur céder  ainsi qu'à Bulle, qui un soir lui dit des mots très durs, comme si elle voulait précipiter leur rupture. Sylvie meurt sans que Guillaume soit à ses côtés et il ne se le pardonne pas. Ce très beau texte, à la fois histoire d'amour et de deuil, parle de la difficulté de vivre avec ses souvenirs et de ne pas se laisser emprisonner par eux. Il y a de belles envolées poétiques et certains passages m'ont beaucoup émue.
J'ai suivi la ligne bleue, Christine Féret-Fleury, Le Rouergue, 2005

jeudi 11 juillet 2013

Jeu de pistes


Ginny reçoit par la poste un colis de sa tante adorée Peg qui vient de décéder. Elle y trouve 13 lettres et des règles à respecter. Elle doit partir en voyage avec un sac à dos, rien de plus, ne doit pas emporter de guides, et surtout elle ne peut communiquer avec ses amis que par lettres. Sa tante l'envoie à Londres effectuer sa première tâche. Peg convie sa nièce à un formidable jeu de pistes sur ses traces.
Ginny traverse l'Europe en suivant les directives et les défis de sa tante. Elle fait de nombreuses rencontres en suivant le parcours chaotique de Peg, qui vient d'apprendre qu'elle a un cancer. Cette grande chasse au trésor est amusante même si elle n'échappe pas à bien des clichés sur les pays européens que traversent Ginny. Sans être le livre du siècle, c'est une bonne petite lecture de vacances.
Treize petites enveloppes bleues, Maureen Johnson, Gallimard jeunesse, 2007

vendredi 5 juillet 2013

Vengeance posthume


Hannah Baker s'est suicidée. Avant de se donner la mort, elle enregistre des cassettes sur lesquelles elle raconte son histoire. Sur chaque face, elle s'adresse à une personne en particulier qui lui a fait du mal et qui d'une certaine façon a contribué à sa décision de mourir. Une fois écoutées, la personne doit faire suivre la boîte à celui ou celle qui est mentionné après lui. C'est ainsi que nous rencontrons Clay Jensen au bureau de poste. Il de passer la pire nuit de sa vie et transmet à son tour cet étrange colis.
Hannah décrit les mesquineries, les vengeances entre les élèves du lycée dont elle va être victime. Peu à peu, elle se renferme sur elle-même et se pose de plus en plus de questions sur le suicide. Sa fragilité est telle qu'une soirée fera pencher la balance et la conduira à se donner la mort plutôt que de choisir la vie et l'amour de Clay, qui est le témoin impuissant de cette histoire. Le remord le ronge car il n'a pas sur voir les signes mais comment aurait-il pu la raisonner ? C'est une longue descente aux enfers que raconte Hannah. Toutes ces petites choses qui vous blessent au quotidien, ce sentiment de ne plus appartenir au groupe et de ne plus le souhaiter. Même lorsqu'elle tente d'appeler au secours, elle est confrontée à l'indifférence ou à l'incompréhension. Hannah choisit de tirer sa révérence et de dénoncer la violence qui s'exerce à l'école, comme dans n'importe quel microcosme social, et que certains ne supportent pas.
Treize raisons, Jay Asher, Albin Michel, 2011