vendredi 31 août 2012

Ero dietro di te

A Romanze, dans un restaurant, un serveur tend au narrateur une carte de visite avec une phrase écrite en italien, J'étais derrière toi, un numéro de téléphone et un prénom, Alice. Cet événement fait basculer la vie de ce trentenaire dont le couple est en crise. Dans une longue confession, il nous raconte ses relations conflictuelles avec sa femme Alexandrine, son refus de la quitter et de laisser leurs deux enfants. Malheureux avec sa femme, il redécouvre le plaisir de la séduction et du sexe avec Alice.
Lâche, refusant la moindre confrontation, le narrateur est un mari dominé par sa femme. Elle exerce une pression psychologique et physique sur lui. Nicolas Fargues décrit une scène dure au début du roman où le mari, après avoir avoué à sa femme qu'il l'a trompée, accepte sous le coup de la culpabilité de se faire démolir par elle. De même, lorsqu'elle découvre sa liaison avec Alice, elle le contraint à lui donner son adresse mail et lui fait lire le texte qu'elle envoie à sa maîtresse.
Le narrateur parle de sa faiblesse à l'égard de sa femme, de son refus de la confrontation. Il tente de comprendre pourquoi leur mariage n'a pas marché : leur sexualité qui ne les satisfait ni l'un ni l'autre, le fait que leur mariage mixte n'ait pas fonctionné (on apprend assez tard dans le livre qu'Alexandrine est noire), sa perte de son estime de soi. 
Je trouve que Nicolas Fargues décrit très bien les ressorts psychologiques de ce mari dominé par sa femme et à qui, sa rencontre avec une jeune italienne, va donner un nouvel allant. Il ne partira pas comme ça du jour au lendemain, il aura encore de nombreux atermoiements, sinon pas de roman. Malgré mon peu de goût pour l'autofiction, le livre est bien. 
J'étais derrière toi, Nicolas Fargues, Gallimard, 2007