dimanche 18 août 2013

Les heures sombres de l'Apartheid

Sam Leroux revient en Afrique du Sud, son pays natal, pour faire l'autobiographie de Clare Wald, un écrivain célèbre, qui a su se faire publier et échapper à la censure tout en critiquant le régime de l'Apartheid. Pourtant Sam et Clare semblent se connaître et attendent des réponses l'un de l'autre. Un véritable bras-de-fer s'engage entre eux entre les faux semblants et les non-dits. Que savent-ils de ce passé qui pèse si lourdement sur leur pays ?
La construction de ce roman est assez déroutante de prime abord. Elle oblige le lecteur à démêler l'écheveau des aux travers des différents chapitres : ceux où Sam parle de lui ; ceux où Clare parle d'elle-même et reconstitue les derniers jours précédant la disparition de sa fille Laura ; ceux appelés Absolution, du nom du prochain roman très autobiographique de Clare ; enfin ceux qui ont des repères chronologiques et nous donnent des éléments factuels sur l'histoire de Sam.
Clare Wald est en quête d'absolution pour ce qu'elle a fait. Elle s'estime responsable de la mort de sa soeur Nora et de son mari, un membre important du parti soutenant l'Apartheid. Fut-elle à l'origine de leur assassinat ou celui-ci était-il déjà prémédité ? Elle ne le saura jamais. Laura, sa fille, est l'autre fantôme qui la hante puisqu'elle s'est engagée dans la lutte armée contre l'Apartheid et qu'elle n'en est jamais revenue. Clare s'en veut d'avoir été une mauvaise mère et surtout de ne pas savoir ce qu'il est advenu de sa fille.
Je n'effleure que certains aspects de cette histoire terrifiante qui connaît de nombreux rebondissements dont Sam détient les clefs. Patrick Flanery nous invite à plonger dans les heures sombres de l'Afrique du Sud. Entre la censure et la lutte armée, il dresse un panorama terrible du pays avant la démocratie mais aussi après. Sam et Clare vivent dans des getthos de riches blancs qui sont des cibles privilégiés  puisqu'ils détiennent encore la majeure partie des richesses. La population noire occupe encore des emplois subalternes et  même si une nouvelle classe moyenne émerge, beaucoup reste en marge, ce qui explique les nombreuses manifestations qui ont eu lieu ces dernières années et les flambées de violence.
J'ai trouvé ce livre intéressant avec cette construction qui multiplie les points de vue et interroge les questions de vérité, de censure et de fiction en littérature. Il y a cependant quelques longueurs et la seconde partie du roman est un peu plus faible compte tenu de l'ambition littéraire du projet. Ce livre ne prend toute sa dimension que si vous lui accorder du temps : le démarrage de l'intrigue est long et le système de chapitres assez déroutant. Sur cinq lectrices dans le cadre du prix Page America, je suis la seule à l'avoir terminé mais je ne l'ai pas regretté !
Absolution, Patrick Flanery, R. Laffont, 2013

 
Prix Page America 2013