vendredi 5 octobre 2012

Désenchantement

Joseph Kaplan, né à Prague en 1910, quitte son pays pour devenir médecin biologiste à l'Institut Pasteur. Son premier poste est à Alger où il échappe de peu aux premières rafles de juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Après la guerre, il rentre dans son pays, devient député communiste et soutient l'instauration du régime en Tchécoslovaquie. Il déchante vite et voit son meilleur ami accusé de trahison et son pays se fermer. Comme il est le seul spécialiste des maladies infectieuses africaines, le gouvernement lui demande de prendre en charge un patient peu ordinaire : Ernesto Guevara. Ce dernier revient de son périple africain amoindri et rongé par le paludisme.
Jean-Michel Guenassia est un grand conteur qui nous livre une très belle fresque historique. De Paris à Alger, en passant par Prague, il sait vous réserver des surprises jusqu'à la fin de votre lecture. Le titre, un peu trompeur, ne se justifie que vers le dernier tiers du roman. Il ne prend sa signification, que si l'on considère que le Che demeure pour ses admirateurs la figure d'un communisme non dévoyé, ce qui est bien éloigné du quotidien de Jospeh et de sa famille. Ce dernier voit s'effondrer le Mur sans regret et ne peut que constater que cet idéal, qu'il avait lui aussi défendu, n'a fait qu'engendrer la pire des dictatures
A ceux qui avaient aimé Le Club des Incorrigibles optimistes, vous apprécierez le clin d'oeil de l'écrivain qui nous permet de renouer avec des personnages et de créer des passerelles entre les deux romans.
La vie rêvée d'Ernesto G., J.-M. Guenassia, Albin Michel, 2012