samedi 7 avril 2012

Retour aux sources

Simon a le spleen, il n'a envie de rien. Il ne veut pas se projeter dans la vie et ne veut plus faire de bandes dessinées. Il se contente de petits ateliers dans des écoles au grand désarroi de sa compagne Claire. Invité par un petit festival de BD au Portugal, il se retrouve immergé dans le pays et la langue de ses ancêtres. C'est un électrochoc qui le convainc de tout plaquer, de partir s'installer dans la maison familiale et de retisser des liens avec ses cousins.


  
Le récit s'articule autour de trois points de vue : Simon le fils, Jean le père et Abel le grand-père. Simon renoue avec ses racines par le biais de la langue, des gens qu'il rencontre et de son histoire personnelle. Simon ne découvre rien de mystérieux ni d'extraordinaire, ce sont les choix de son grand-père qui l'ont conduit à rester en France au lieu de rentrer avec son frère. Ne restent que les regrets de ceux qui sont partis et de ceux qui ont perdu leurs racines. L'évolution des états d'âme de Simon, on la suit grâce au beau travail de lavis et d'effets de transparence. On passe ainsi de monochromes assez ternes à la belle luminosité du Portugal. Visuellement, c'est une réussite.


J'avais beaucoup aimé Trois ombres, l'album qui a fait connaître Pedrosa du grand public. Je le préfère pour son parti pris graphique et le travail de la ligne. Son sujet m'avait plus émue puisque l'auteur abordait la mort et sa fatalité. Il parlait d'un père et de son fils qui s'en vont sur les chemins pour échapper au destin. Portugal est un album de qualité. On sent que le thème du retour aux origines touche Pedrosa personnellement mais j'y ai été moins sensible. En tout cas, c'est un bon album que je ne peux que conseiller pour sa beauté plastique et pour tous ceux qui souhaitent un voyage ensoleillé !
Portugal, Cyril Pedrosa, Dupuis, 2011