jeudi 7 février 2013

Un train pour l'enfer

Ce court récit retrace les évènements qui se sont tenus dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983 à bord du train Bordeaux-Vintimille. Rachid Abdou rentre au pays suite à une déception amoureuse ; il s'était imaginé une belle romance avec une jeune fille vivant à Bordeaux avec laquelle il entretenait une correspondance depuis des années. Dans le train, trois recrues de la Légion étrangère, pris de boisson, veulent en découdre. Rachid est un bouc-émissaire tout désigné. Après être passé à tabac une première fois et malgré l'aide de l'inspecteur des trains, il est tué et jeté sur les voix.
Court, terrible et vertigineux. Jean-Baptiste Harang connaît bien l'affaire puisqu'il la suivie en tant que journaliste pour Libération à Toulouse. Il énonce les faits, montre les errements de la police, qui laissera repartir le train sans interroger ni noter le nom des voyageurs ni même analyser la scène de crime. La Légion étrangère n'est pas en reste. Si elle règle l'affaire en interne, l'officier chargé de surveiller les recrues ne se présenta jamais au procès pour témoigner. Jean-Baptiste Harang souligne également qu'une centaine de voyageurs ont bien dû  entendre du bruit ou des cris mais jamais personne n'est intervenu pour aider Rachid. Racisme, violence, cruauté et lâcheté ordinaire, tout est conjugué pour faire de ce jeune homme une victime de l'indifférence.
Bordeaux-Vintimille, Jean-Baptiste Harang, Grasset, 2013