dimanche 6 mai 2012

Un candide en Terre Sainte

Guy Delisle accompagne sa femme, qui est coordinatrice pour Médecins sans frontières, à Jérusalem. Comme dans ses Chroniques birmanes, il s'occupe du quotidien et des enfants. Il profite de ses instants de liberté pour visiter, croquer ce qu'il voit de la vie quotidienne et découvrir cet étrange microcosme. Rien n'est simple dans cette ville, le moindre déplacement ou la moindre visite peut se transformer en parcours du combattant pour celui qui n'en connaît pas les us et coutumes.
Le mur
La ville de Jérusalem se divise en de nombreux quartiers tels que celui des Arméniens, Mea Shearin qui rassemble les juifs ultra-orthoxes, ou celui des Arabes. Les cultures et les communautés sont nombreuses mais il n'y a pas de brassage. Des frontières bien visibles existent quelles soient construites ou intériorisées. Tous ces murs, ces barbelés à perte de vue sont oppressants pour le lecteur.


Dôme du Rocher 
Delisle montre bien l'absurdité de certaines situations qui empêchent les musulmans de se rendre à la prière dans les temps parce que les contrôles sont trop longs aux checkpoints. Chaque quartier est hermétique aux autres de sorte que les bus juifs et arabes ne servent que leur propre quartier.


Se posant comme un candide, Delisle instaure une distance avec ce qu'il voit et introduit une bonne dose d'humour pour décrire la situation chaotique de la ville. Il accumule toute sorte de petits faits du quotidien pour montrer toutes les difficultés d'une zone politique et religieuse en permanence au bord du gouffre. Jérusalem est au fond un monde étriqué où trop de religions coexistent pour bien peu de mètres carrés.
Chroniques de Jérusalem, Guy Delisle, Delcourt, 2011