mardi 2 août 2011

Accabadora

Un petit village sarde dans les années cinquante. Maria Listru est cédée par sa famille, trop pauvre pour l'élever, à Bonaria Urrai, une vieille femme qui n'a jamais eu d'enfant. Devenue la fill'e anima de Bonaria, elle habite désormais la maison de la couturière qui l'envoie à l'école et lui apprend un métier. Quelques fois la nuit, on vient chercher dans le plus grand secret Bonaria, elle est l'Accabadora, celle qui abrège les souffrances des mourants. Seule au village à ignorer le rôle de sa mère adoptive, Maria le découvre dans de sombres circonstances.
Ce beau livre, à la langue belle et limpide, évoque une pratique ancestrale qui n'est autre que celle de l'euthanasie. Celle-ci est admise par la communauté même si elle fait partie des non-dits. Cependant l'Accabadora n'intervient qu'à certaines conditions et ne doit pas laisser son jugement s'obscurcir. Tzia Bonaria vacille lorsqu'elle pense avoir transgressé les limites de ce qu'elle peut faire. Donner la mort, même s'il s'agit de délivrer un malade de ses souffrances, est un acte grave. Les  protagonistes offrent des points de vue différents sur le sujet et permettent de nourrir sa propre réflexion.
Accabadora, Michela Murgia, Le Seuil, 2011