samedi 19 janvier 2013

La blanche Ophélia flotte comme un grand lys

Dans un hôpital de Hanoi, Yann, un soldat breton blessé à la poitrine, rencontre Mai qui aide les équipes médicales. Entre eux c'est le coup de foudre et ils se marient juste avant le départ de Yann pour la cuvette de Diên Biên Phu. Là-bas, il est confronté à l'horreur et au chaos mais parvient à survivre en s'accrochant à l'espoir de retrouver Mai. Cette dernière est prête à tout pour le tirer de cet enfer.
Cette histoire d'amour impossible sur fonds de guerre se distingue par un très beau travail sur la langue qui est poésie pure. Des haïkus encadrent les grandes parties du texte et les descriptions sont absolument superbes si bien qu'on se laisse prendre par l'histoire dramatique de ces amants maudits et qu'on en reste ému.
Bien que le livre soit court, l'auteur distille quelques remarques très intéressantes sur la société annamite de l'époque. Son personnage Mai, bercée par la culture française depuis son enfance, s'insurge contre le poids des traditions et refuse le mariage arrangé par son père, marquant un premier pas vers l'émancipation. Le colonialisme, quant à lui, connaît ses derniers soubresauts tragiques et certains annamites voient avec inquiétude arriver les Vietcongs, laissant présager de nouvelles tensions au sein du pays.
L'ombre douce, Hoaï Huong Nguyen, Viviane Hamy, 2013