mercredi 16 octobre 2013

Rafael Claramunt et consorts

Maria Cristina Väätonen est devenue un écrivain célèbre en publiant très jeune La vilaine soeur, un roman qui lui a permis de régler ses comptes avec sa famille perdue dans un petit bourg du grand Nord canadien. Elle a laissé derrière elle un père taciturne, une mère déséquilibrée et une soeur jalouse. Alors qu'elle n'a plus aucune relation avec sa mère, cette dernière l'appelle à l'aide et lui demande de récupérer Peeleete, l'enfant de sa soeur Meena.
D'une écriture ciselée, soutenue par une narration originale, oscillant entre humour et gravité, Véronique Ovaldé analyse les racines d'un mal-être et d'une vocation littéraire. La vie de Maria Cristina nous est présentée d'un point de vue extérieur. Le narrateur, sorte de biographe, pèse, ausculte chacune des constantes qui ont fait d'elle la femme et l'écrivain qu'elle est devenue. Cette enquête commence dans sa famille où elle sort traumatisée par un mère bigote et sa culpabilité à l'égard de l'accident de Meena. Elle nous conduit à son départ pour l'université et sa rencontre avec Rafael Claramunt, un écrivain qui devient son amant et son pygmalion, jusqu'à son premier roman et sa nouvelle vie.
Chaque protagoniste est ainsi passé au crible, chaque moment terrible de son existence est passé au peigne fin. Le lecteur sait beaucoup de cette femme discrète qui s'est construite peu à peu, a pris son indépendance et a exorcisé comme elle a pu ses blessures. Tous les personnages ont leur part d'ombre dans ce roman mais ils ne deviennent pas tous des perdants, des plagiaires ou des brigands. D'un côté Judy Garland, personnage mutique, qui a probablement été en maison de redressement (qu'il appelle pudiquement centre sportif) et s'avère être un homme fiable ; de l'autre côté Rafael Claramunt, un authentique mystificateur qui maintient autour de lui l'image et l'aura du grand écrivain qu'il n'est plus.
J'ai aimé ce beau destin de femme et ses personnages atypiques mais le côté artificiel de la construction du roman m'a beaucoup gênée. Je ne suis jamais rentrée vraiment dedans et je me suis parfois même un peu ennuyée. Je reste au final mitigée devant ce magnifique écrin qui enserre une pierre semi-précieuse.
La grâce des brigands, Véronique Ovaldé, Ed. de l'Olivier, 2013






Merci encore à Priceminister pour ce livre !
Voici ma note : 14/20