lundi 20 janvier 2014

L'égérie de tout un peuple

Nadia Comaneci a eu un destin exceptionnel, elle qui, a quatorze ans, fascina le monde en pleine Guerre froide par ses records et sa grâce lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976. La narratrice du roman nous invite à découvrir point par point le parcours de la gymnaste, façonnée entre les mains de Belà Kàrolyi puis manipulée par un Etat voulant montrer la toute puissance du communisme tout en contestant la suprématie sportive à l'URSS.
Chaque épisode est contrebalancé par des conversations fictives entre la narratrice et la gymnaste. Les événements peuvent être interprétés différemment selon les gens et les points de vue que l'on adopte : de la réalité à la légende fabriquée par l'Etat, des aptitudes sportives réelles à la discipline de fer imposée par un entraîneur. Malgré son talent et sa rage de vaincre, Nadia Comaneci a été utilisée pour permettre à d'autres de parvenir à leurs fins. Elle s'y est d'ailleurs brûlée les ailes. Parfois manipulée, parfois refusant de noircir sa légende, elle a choisi de mentir par omission.
Ce livre, dont je n'attendais rien, s'est avéré une excellente surprise. Son analyse du sport de haut niveau, du communisme et du destin de Comaneci m'ont beaucoup intéressé.
La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon, Actes Sud, 2014