mardi 4 septembre 2012

La Survivance

Un couple de libraires est contraint de mettre la clef sous la porte. Sils et Jenny ne perdent pas seulement leur moyen de subsistance mais aussi leur maison. Ils partent s'installer dans une petite bicoque, La Survivance, qu'ils avaient achetée dans leur jeunesse pour une bouchée de pain. Cette maison délabrée devient une arche de Noé pour ces sexagénaires ainsi que pour leurs animaux et leurs livres.
Nous les suivons au cours de l'année se préparant au mieux à affronter les rigueurs du climat. Chacun traverse cette période de détresse à sa manière. Jenny se passionne pour son potager et les cerfs qu'elle observe et dessine à toute heure de la journée, tandis que Sils lit et part en quête des pierres de la région dont le peintre Grünewald tira ses pigments pour réaliser son fameux retable.
Invention de Claudie Hunzinger, le musée Unterlinden qui abrite le retable d'Issenheim, n'a pas brûlé mais sa disparition coïncide avec la perte de la librairie. Ces deux événements sont comme une faillite de la culture et nos deux libraires choisissent de se rapprocher de la nature. Ils tentent une aventure qui s'était soldée par un échec lorsqu'ils avaient vingt ans, la vieillesse leur serait-elle plus propice ? Cette vie très dure les fait renouer avec leurs valeurs : la liberté de disposer d'eux-mêmes, la liberté que leur donne les livres. Détachés de tout et pourtant s'ancrant de nouveau dans le cycle de l'existence, ils vivent au rythme des saisons.
D'une grande force et d'une grande poésie, ce livre est une vraie merveille. J'ai  retrouvé cette belle écriture qui m'avait tant plu dans Elles vivaient d'espoir, le précédent roman de Claudie Hunzinger, que je vous engage également à lire.
La Survivance, Claudie Hunzinger, Grasset, 2012