vendredi 4 janvier 2013

A fond la caisse !

Camille, écrivain de profession, rencontre lors de ses vacances, Luc, un paparazzo. Une histoire compliquée s'amorce entre eux. Luc débarque dans la vie de Camille quand il veut, ne se comporte pas bien avec elle, lui ment, entretient d'autres relations avec des hommes et des femmes. Il traîne derrière lui un passé lourd et s'accroche à Camille, qui est le seul repère stable de sa vie. Il lui demande même d'écrire sa biographie !
De son côté, Camille vient de se faire virer de chez son éditeur et se retrouve incapable d'écrire. Elle se laisse embarquer dans cette histoire malgré les avertissements de Ruel, son double fantomatique et raisonnable. Ce n'est que lorsqu'elle décide de quitter  Luc que son inspiration revient et qu'elle écrit un roman sur lui.
Ce texte est nerveux, scandé par le rythme de la vie de Luc et du monde contemporain. Les références littéraires se mêlent aux chansons, des tubes de Claude François à ceux de Christophe Maé. Ces chansons ancrent le livre dans le réel et illustrent bien l'état d'esprit des personnages. Luc est la figure de l'homme moderne, rivé à son portable, passant sans cesse d'une chose à l'autre. Il ne cesse de zapper, se réfère à un monde de l'image et du paraître dont il est lui-même partie prenante. Il ne s'accorde pas avec Camille pour définir ce qu'est la vie : pour lui, c'est tout ce qui l'entoure tandis que pour Camille, comme pour Proust, la vraie vie c'est la littérature et l'écriture.
Ce roman se démarque dans la production de Camille Laurens puisque le je est décentré au profit du tu. Elle n'en aborde pas moins ses thèmes de prédilection comme l'altérité, l'amour. A mon avis, c'est le meilleur roman qu'elle ait écrit à ce jour. Le livre a du corps et de la chair contrairement à ses autres romans que je trouvais trop évanescents.
Romance nerveuse, Camille Laurens, Gallimard, 2010